Traite des enfants en Europe
« 30 grammes de cocaïne.. 1200 dollars. Mais cette cocaïne, on ne peut la vendre qu'une seule fois, alors qu'une femme, un enfant, se vendent de 50 à 1000 dollars, mais on peut les vendre plusieurs fois » (Extrait de la micro-série Trafic d'innocence).
Un aperçu général
La traite des enfants en Europe ? Un phénomène clandestin encore méconnu, peu médiatisé et pourtant bien présent. Facilitée par la fragilité des contrôles aux frontières et l'évolution des techniques de communication, la traite est devenue un problème qui ne cesse de s'amplifier.
Par « traite des enfants », on entend toute personne de moins de 18 ans qui est recrutée, transportée, transférée ou hébergée à des fins d'exploitation sexuelle, du travail et d'autres formes d'exploitations telles que le trafic d'organes. Même s'il n'existe pas de statistiques fiables, il est clair que chaque année, un grand nombre d'enfants sont victimes de la traite dans leur propre pays ou à l'étranger et viennent rejoindre les réseaux criminels organisés. Après les trafics de drogues et d'armes, la traite est le commerce le plus lucratif. Les exploiteurs, conscients des bénéfices qu'engendre la traite des enfants, multiplient les fausses promesses et les enlèvements afin d'agrandir l'offre sur cet obscur marché et de s'enrichir davantage.
(photo du protocole facultatif des Droits de l'enfant, 2000)
Les motivations de l'exploitation infantile
Pourquoi choisir des enfants plutôt que des adultes ? Simplement car il est plus facile d'abuser d'un enfant que d'un adulte, l'enfant étant docile et ayant moins de capacités de se défendre.
Les causes de la traites sont multiples. En premier lieu, il s'agit d'évoquer facteurs qui créent l'offre : la pauvreté (certains parents se sentent obligés de vendre leur enfant afin de subvenir aux besoins de toute la famille), l'orphelinat et la séparation familiale (liés au chaos généré par la guerre, les catastrophes naturelles ou encore les déplacements de population). Les enfants en situation de vulnérabilité sont très vite repérés par les trafiquants et se retrouvent forcés d'intégrer un réseau criminel.
En second lieu, il s'agit d'aborder les facteurs qui créent la demande : les enfants sont forcés à mendier, à voler, à cambrioler pour des réseaux organisés, à travailler dans des ménages privés (avec la féminisation du travail notamment), à se prostituer auprès de clients déviants recherchant de « nouvelles expériences » ou à poser pour la production pornographique (La culture créant malheureusement la demande).
La traite des enfants au cœur de l'Europe : origines et destinations
On pensait la traite des enfants réservée à certains pays d'Asie, d' Afrique ou d'Amérique Latine. Et pourtant ce phénomène perdure tout près de chez nous. Tous les pays d’Europe, sans exception, sont touchés par la traite des enfants, que ce soit en tant que pays d’origine, de transit, de destination ou parce ce qu'ils combinent plusieurs ou l'ensemble de ces positions. En effet, depuis l'effondrement du bloc soviétique, les réseaux criminels d'exploitation infantile se sont multipliés en Europe de l'Est et beaucoup de pays comme la Hongrie, la Roumanie, la Moldavie, l'Ukraine ou encore l'Estonie sont concernés. En Lituanie par exemple, on estime que près de 40 % des personnes en situation de prostitution ont moins de 18 ans pendant qu'en République Tchèque et à la frontière germano-tchèque, les bordels enfantins sont victimes de l'affluence incessante de clients allemands et autrichiens (notamment). En France, les enfants originaires d'Europe de l'Est réduits à l'exploitation domestique dans des ménages privés (au sein de beaux quartiers comme de banlieues) ou sexuelle sur les trottoirs parisiens (entre autres) se comptent par dizaines de milliers. Ainsi, en Europe, la traite d'enfants s'effectue principalement de l'Est vers l'Ouest, où aboutissent les enfants exploités et d'où les trafics tirent leur bénéfice.
Des faits se déroulant à huis clos sous le contrôle total des exploiteurs
Les enfants sont achetés, vendus, violés, battus, surveillés, enfermés, torturés par leurs exploiteurs et ne sont plus considérés que comme des objets de consommation, tout cela se
déroulant à l'abri des regards. De plus, l'envie pour les victimes d'avertir les autorités (ou du moins d'autres adultes) est très vite dissuadée par les exploiteurs : menaces, représailles physiques, renvoi dans le pays d'origine... Les stratagèmes employés sont multiples pour empêcher les victimes de parler (qui parfois ne maîtrisent pas la langue du pays dans lequel elles sont exploitées ce qui facilite les démarches entreprises par les criminels) et il est très difficiles pour ces dernières de se défaire de cette emprise.