Le débat livres/films : on tourne en rond ?
- Laura Donzelle
- 11 oct. 2017
- 5 min de lecture
Dans la société, il y a des débats qui font rage. L’avortement, le mariage homosexuel, la peine de mort… Puis il y a le fameux duel qui oppose les livres aux films. Contrairement au mariage pour tous, il n’y aura pas de loi pour décréter quelle œuvre est la meilleure: l’originale ou l’adaptation ? Chacun se fera alors son avis. Mais, au final, y aura-t-il jamais de vainqueur ?
Le saviez vous ? La première adaptation remonte à l’année 1898. C’est George Méliès qui avait eu l’idée d’adapter le Malade imaginaire de Molière en film.
Quelques chiffres…
En 2017, les adaptations rapportent gros. Il est rare de trouver une histoire originale. Est-ce bénéfique ? Pour le cinéma, la réponse est oui. Il suffit de lire les chiffres.
Regardons la liste des plus gros succès mondiaux au box-office : la quatrième place est accordée au film Avengers. La célèbre adaptation des Comics Marvel a permis un bénéfice d’un milliard et demi de dollars. A la huitième place, le film Harry Potter et les reliques de la mort : deuxième partie n’en a pas gagné beaucoup moins. Mais il ne s’agit que d’un volet d’une saga de huit films ! La totalité des volets a rapporté 6,37 milliards de recettes. Mais malgré le nombre élevé de films adaptés de livres, les plus grosses sommes empochées sont attribuées à James Cameron grâce à Avatar et Titanic. Les adaptations cinématographiques connaissent donc un succès au cinéma, mais ce succès n’est pas sans précédent.

LE POUVOIR DE L’IMAGINATION
Alors, les gens préfèrent-ils les livres ou les films ? La réponse est loin d’être unanime. Cependant, chacun sait choisir. De nombreux paramètres entrent en compte dans cette décision. Par exemple, le pouvoir de l’imagination. Nous avons tous une imagination différente. Par conséquent, un film sera sûrement préféré par quelqu’un dont l’imaginaire est assez limité. En effet, les livres offrent une grande liberté au lecteur ; c’est à lui d’imaginer les choses décrites. Lorsque l’on regarde un film, on ne se pose pas de questions. Les limites posées par le cinéma peuvent être appréciées d’une personne qui n’a pas forcément les codes sociaux-culturels nécessaires.
Un exemple concret : je veux lire un livre sur le Japon mais je n’y suis jamais allé. Un film, grâce à l’appui de l’image et du son, pourra me permettre d’en apprendre plus et plus rapidement sur la culture japonaise.
MAIS, car il y a toujours un « mais », utiliser la béquille que nous offre le cinéma peut bloquer l’ouverture à l’imagination, nous handicaper. Certaines personnes préfèrent avancer avec difficulté plutôt que de s’appuyer sur l’image et le son. D’autres peuvent d’ailleurs considérer cette facilité comme de la paresse puisqu’en regardant un film, il n’y a rien d’autre à faire de plus que, justement, le regarder.
LA FIDÉLITÉ, UN ASPECT IMPORTANT ?
La fidélité donnée au livre peut être un élément important. Lorsque le cinéma emprunte son histoire à votre bouquin préféré, vous en attendez forcément quelque chose. Cela peut d’ailleurs créer des tensions avec tous vos amis qui n’ont jamais ouvert un livre de leur vie et qui « adorent ce film ! ». Prenons l’exemple du film Divergente : l’insurrection (2015), le deuxième volet de la saga inspirée du roman éponyme de Veronica Roth.
Deux chiffres :
– il a rapporté 297 millions de dollars
– il est noté 3,6/10 par le public sur Allociné
Grosso modo : ce n’est pas un succès comparable à Harry Potter, mais le film est tout de même connu et plutôt apprécié des spectateurs. Cependant, certains fervents lecteurs de la saga sont mécontents. Le 19 mars 2015, une femme écrit :
« pour ceux qui n’ont pas lu les bouquins, le film peut-être apprécié car la 3D est bien réussie et il y a pas mal d’action tout au long du film ».
Elle souligne donc les qualités du film et non celles de l’adaptation. Une chose que certains lecteurs peuvent oublier de faire. Mais les changements apportés par le cinéma ne lui ont visiblement pas plu :
« Le réalisateur a pris trop de liberté quitte à tout réinventer ! La fin est différente, la relation entre les personnages principaux est complètement oubliée, changée ou fausse ».
Son commentaire est clair, l’adaptation n’est pas fidèle. A ses yeux, les changements apportés n’ont pas amélioré l’histoire, car elle précise qu’elle aurait pu les accepter si cela avait été le cas. Marlène a donc noté le film 1/5 car elle apporte une assez grande importance à la fidélité. Seulement, il est aussi possible de trouver des 5/5 donnés par des fans de la saga littéraire. Cela prouve donc qu’une adaptation ne doit pas nécessairement respecter son œuvre originale pour plaire au public. Parfois, il faut reconnaître (ou non) le film et pas seulement son adaptation. Si pour juger ces films nous nous contentions de leur fidélité, certains seraient excellents alors qu’ils n’offrent pas forcément une bonne réalisation et d’autres seraient médiocres alors qu’ils nous en mettent plein les yeux.
ALORS, AU FINAL ?
C’est un cercle sans fin. Une spirale infernale. Tout dépend des attentes de chacun. Même l’argument disant que les livres renferment plus de détails ne permet pas à la littérature de l’emporter sur son adaptation. Car il n’y a pas de réponse universelle !
Alors arrêtez de vous battre avec votre voisin pour savoir si « Le seigneur des anneaux, est-ce vraiment mieux en livre ? » Reconnaissez l’un et l’autre les qualités propres des deux formats ; car il ne faut pas l’oublier, les livres et les films n’utilisent pas les mêmes ingrédients pour leurs recettes ! La comparaison peut même paraître absurde puisque l’un emploie les mots et l’autre l’image, le son, les dialogues, le jeu d’acteur, les effets spéciaux… Le meilleur exercice serait alors peut-être de se confronter aux deux formats. Le cinéma comme la littérature aiguisent l’esprit critique. Il est cependant préférable de connaître une œuvre par la lecture car, comme nous l’avons dit, le cinéma nous impose sa vision et nous prive d’une certaine liberté. Ainsi, nous pouvons nous faire une idée du livre et le réalisateur ne choisit pas à notre place. Nous sommes alors dans de bonnes conditions pour confronter les différents regards : celui de l’auteur, du réalisateur et le nôtre. En comparant l’idée que l’on s’est faite d’un livre avec l’interprétation proposée par le cinéma, on peut entamer une discussion virtuelle à laquelle l’écrivain participe aussi. Notre vision est-elle la bonne ou est-ce finalement celle du grand écran qui semble plus adéquate ? L’auteur considère-t-il que plusieurs interprétations puissent coller à ce qu’il a imaginé ? Qu’a-t-il vraiment pensé lorsqu’il a écrit ?
Ce débat est donc loin d’être vain. Sa complexité le rend d’autant plus intéressant. Mais n’en attendez pas une conclusion nette et précise comme un calcul de mathématiques. On ne démontrera jamais lequel est le meilleur comme on a su démontrer que 2+2 = 4.
Laura Donzelle
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